La rentrée scolaire est aussi pour beaucoup d’entre nous le moment de choisir les activités qui rythmeront nos emplois du temps de l’année. Mais face à l’étendue des choix qui nous sont proposés, la décision peut s’avérer plus compliquée que prévu. D’autant que la question ne se résume pas à l’activité en elle-même, mais concerne aussi son cadre ! Choisir un cours de yoga était certes plus facile dans les années ’50, lorsque l’offre se résumait à un ou deux centres, et encore, dans les grandes villes… Aujourd’hui, c’est une autre affaire et il faut savoir faire la différence entre passion et business (ce qui, entre nous, n’est pas toujours incompatible). Voici quelques clés issues de mon expérience d’enseignant pour vous aider à y voir plus clair et, je l’espère, à trouver votre bonheur !
Pourquoi choisit-on une activité sportive ? Pourquoi celle-là plutôt qu’une autre ?
Il n’est pas facile de répondre à cette question. Mon expérience m’a appris que, dans la majorité des cas, une grande place est laissée au hasard : le témoignage d’un ami, d’un collègue ou encore la lecture d’un article peuvent être déterminants. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de mauvaise manière de commencer une discipline. Le plus dur ensuite est de s’y tenir, comme le montre le nombre élevé d’abandons dès la première ou la deuxième année. Cela tient probablement en grande partie à un choix pas suffisamment mûrement réfléchi.
En préparant cet article, je suis allé faire un tour sur Internet pour voir ce qui se disait sur le sujet. Et franchement, c’est affligeant ! On trouve essentiellement des questionnaires censés déterminer quel type de sportif vous êtes, accompagnés de psychologie de comptoir, écrits avec les pieds de surcroît. Bref, l’équivalent de la « presse » féminine de l’été, à mi-chemin entre « Soyez belle en maillot en deux jours » et « Perdez 10 kg en 1 h ». Tout ça pour vous balancer la discipline faite pour vous et que vous êtes comme ci ou comme ça, avec des mots comme « zen » ou « punchy » disséminés un peu partout. C’est à peu près aussi fiable que l’horoscope : que des généralités dans lesquelles tout le monde peut se retrouver. Je suis un peu méchant, mais cela résume bien les 90% de ce que j’ai lu. Heureusement il reste environ 10% de choses intéressantes, mais étrangement rien ou presque sur le site du Ministère…
Pour ma part je ne pense pas que ce soit un sujet à prendre à la légère. J’ai vu trop de gens arriver à mes cours de karaté par hasard – ou pour une raison très précise qui ne correspond pas forcément à la réalité de la discipline choisie mais plutôt à l’idée que l’on s’en fait – et bien souvent aucune recherche n’a été faite en amont.
Ne vous mettez pas de barrière… mais prenez le temps de la réflexion !
Je pense qu’il n’y a pas de frein à ce que l’on peut faire. Sauf si vous voulez faire de la compétition bien sûr, auquel cas il vaut mieux être bon, voire excellent ! Sinon, un corps humain est à peu de chose près toujours pareil, c’est-à-dire une tête, un tronc, deux bras et deux jambes. Il peut être plus ou moins souple, plus ou moins fort, plus ou moins rapide, etc. Mais l’on acquiert et l’on perfectionne ce genre de compétences à travers la pratique.
Le plus souvent on choisit une discipline soit parce qu’une connaissance vous a convaincu d’essayer, et vous êtes alors introduit, ou bien c’est la mode d’un sport et tous les magazines en parlent – on se dit alors « Pourquoi pas ? ». Le meilleur exemple sont les années Bruce Lee, qui ont rempli les cours de karaté de manière spectaculaire. Souvent aussi c’est pour satisfaire à une bonne résolution ou pour perdre un peu de poids avant l’été. Bien plus rarement on réfléchit au pourquoi du comment. Surtout n’écoutez pas trop les gens, car chacun va prêcher pour sa paroisse – ça leur plaît donc ça doit plaire à tout le monde ! De même, demander à un enseignant si sa discipline est bien équivaut à demander au boulanger si son pain est bon : j’en connais peu qui vous répondront qu’il est dégoûtant…
Bien entendu, il n’y a pas de mauvaise manière de s’y mettre et on peut tout à fait tomber par hasard sur une discipline et trouver cela fantastique. Mais on peut aussi faire un peu de ceci, puis un peu de cela, et au bout du compte avoir passé des années à être débutant et n’en garder pas grand-chose, excepté peut-être des expériences et des rencontres – ce qui est déjà pas mal !
De toute façon, nous n’avons rien à perdre à nous poser les quelques questions suivantes, qui vous permettront de vous rapprocher de ce qui vous convient.
N°1 : Combien de temps je peux consacrer à cette discipline ?
Si vous décidez de courir un marathon et que vous ne disposez que d’une heure tous les 15 jours, je pense que vous faites fausse route ! De même, si vous vous engagez dans un art martial, ou encore la danse, le yoga, le tai-chi ou le Pilates, ce n’est pas en 1 ou 2 ans que vous allez maîtriser ni ressentir le potentiel de ces disciplines… Il vaut mieux dans ce cas se tourner vers les salles de fitness, où la finalité est plus évidente, c’est-à-dire se faire du bien rapidement, et où aucune progression particulière n’est requise. Vous pourrez en outre prendre l’année en cours de route sans difficulté, bref c’est un peu le fast-food du sport. Une excellente solution reste encore de chausser vos baskets et d’aller trottiner.
N°2 : Sport collectif ou individuel ?
Pour le coup, c’est plus une question de tempérament personnel, je n’ai pas de conseil à vous donner ! Dans les deux cas, vous serez amené à côtoyer des gens, mais les dynamiques ne seront pas les mêmes.
N°3 : Est-ce que je veux pratiquer ma discipline partout ?
Certaines disciplines peuvent se pratiquer et être perfectionnées seul chez soi et même en vacances, comme le Pilates, le yoga, le karaté, la course à pied, la musculation en poids de corps, le tai-chi… Alors que d’autres nécessitent un lieu dédié ou un matériel particulier (et bien souvent également un partenaire), comme le tennis, le basket, le kendo, le judo, le golf… Dans ce cas cela signifiera passer les deux mois d’été sans pouvoir s’exercer facilement, à moins bien sûr de passer ses vacances à courir les stages ou de louer une maison sur un golf, par exemple – ce qui est bien sympa aussi !
Voilà déjà trois questions qui permettent de se rapprocher de ce que l’on a vraiment envie de faire. La deuxième étape est d’aller tester quelques cours dans la ou les discipline(s) que vous aurez déterminées, et d’affiner votre choix en étant vigilant sur les aspects suivants :
N°4 : Le professeur et sa pédagogie me conviennent-ils ?
Il faut bien garder en tête qu’il n’y a pas de mauvaise discipline, en revanche il existe de bons ou de mauvais professeurs. Et parmi les bons, il vous faudra trouver celui qui vous correspond et lui poser deux ou trois questions – avant même de demander le prix ! – comme :
- Depuis combien de temps pratique-t-il ?
J’ai déjà rencontré des pseudo-professeurs de yoga qui pratiquaient seulement depuis un an… - Quel métier exerce-t-il à côté ?
Certains se consacrent entièrement à l’enseignement et c’est là leur seule source de revenu : je pense que c’est un peu plus qualitatif, car il a vraiment le temps de développer une pédagogie digne de ce nom. Mais il n’y a pas de règle et j’ai aussi rencontré des professeurs formidables qui ont par ailleurs un autre travail. A vous de juger !
N°5 : Les cours sont-ils de qualité ?
Après avoir rencontré le professeur dont le discours et l’approche vous conviennent, il ne vous restera plus qu’à vous assurer que les cours qu’il dispense vous offriront les meilleures conditions pour progresser. Pour cela, soyez attentif aux quelques points suivants :
- Combien de personnes prend-il par cours ?
Pour des sports individuels, au-delà de quinze participants, il est difficile d’avoir un enseignement personnalisé. Cela devient de la pédagogie de masse et c’est un peu « marche ou crève » ! - Est-ce qu’il y a des tranches d’âge ?
En effet, ce n’est pas la même ambiance ni la même pédagogie de mélanger les adultes et les enfants, et la progression ne sera pas la même. - Si les âges ne sont pas mélangés, les niveaux le sont-ils ?
Dans les arts martiaux, le mélange est un principe, car ce sont les anciens qui doivent tirer les nouveaux vers le haut par le biais d’exercices effectués à deux, et vous travaillez aussi la majorité du temps avec des gens de votre niveau. Mais dans d’autres disciplines, comme le Pilates par exemple, vous allez voir votre progression stagner et avoir l’impression de faire toujours la même chose si les niveaux sont mélangés. - Son cours est-il orienté plutôt compétition ou loisir ?
Là aussi l’ambiance est différente et le contenu des cours sera en conséquence. Les valeurs véhiculées aussi ne seront pas les mêmes…
Votre choix est fait ? Un seul conseil : PER-SÉ-VÉ-REZ !
En conclusion, si vous voulez vraiment pratiquer une discipline en particulier, et qu’une fois inscrit vous trouvez ça nul, je vous conseille… de ne pas tirer de conclusion trop hâtive et de persévérer dans cette discipline ! Il suffit peut-être juste de changer de club et de professeur, pour en trouver un avec lequel vous aurez un meilleur feeling.
Enfin, je le répète, ne vous mettez pas de barrière : je suis convaincu que tout le monde peut tout faire, peut-être pas à haut niveau, mais suffisamment bien pour en ressentir du plaisir et une certaine satisfaction – qui sont les moteurs essentiels pour pratiquer sur du long terme ! Dans mes cours j’ai toujours préféré une personne qui n’avait pas toutes les qualités requises au départ et qui les acquiert par un travail acharné. C’est alors une satisfaction pour l’élève comme pour le professeur, bien plus que celui qui a toutes les qualités innées, mais ne vient qu’une fois sur trois à l’entraînement…
Et pour mon enfant ?
Un autre choix très difficile à faire est celui de la discipline à laquelle vous allez inscrire votre enfant. Dans ce cas, le choix est bien souvent plus mûrement réfléchi, mais vous ne pourrez vous fiez à votre propre expérience. Observez en tout premier lieu bien sûr les qualités relationnelles du professeur avec les enfants déjà inscrits à ses cours. Pour le reste, voici les clés essentielles selon moi :
- Il vous faudra accorder encore plus d’attention à l’expérience du professeur. L’enseignement aux enfants demande une pédagogie très spécifique et une longue pratique.
- Sachez détecter si les cours ne sont pas en réalité un peu de la garderie, où votre enfant n’apprendra rien. Par ailleurs, certaines activités ne pouvant être pratiquées trop jeune, si des cours sont proposés malgré tout aux tous petits, ce sera au mieux de l’éveil sportif – ce qui peut-être très intéressant s’il est bien fait, mais soyez en conscient au départ !
- Faites aussi plus attention aux valeurs véhiculées par la discipline : si le sport (ou le club) est axé uniquement sur la compétition, cela aura bien sûr un impact non négligeable sur votre enfant.
- Enfin, regardez bien le nombre d’enfants par cours : s’ils sont trop nombreux, il sera impossible de faire du bon travail. Et si le professeur a un ou plusieurs assistants, c’est également un bon point ! Cela assure une bonne prise en charge de chacun, par exemple via la mise en place d’ateliers en petits groupes.
J’espère que ces quelques conseils vous aideront à vous y retrouver dans la jungle des activités sportives ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser dans les commentaires ci-dessous.
Laisser un commentaire